Генералиссимус князь Суворов - страница 404
Mais d'abord que le corps actif, passant le Danube, pénètre tant soit peu dans la Bulgarie, il faut absolument que le corps intérieur soit fort de 40 mille hommes pour dominer toute l'étendue, ne courir point de risques par sa faiblesse, comme aussi pour pouvoir soigner et couvrir le convoi; il tiendra garnison, comme il a été dit, à Brahilov et Kilia. Un fort détachement à Kaptchadal occupera suffisamment Sunnia (le guirlo de Kilia aussi nommé Volkova) et en cas de besoin l'issue du canal St. George. Aussi répétons nous que ce n'est pas une remise pour l'opération sur Varna: elle doit s'effectuer dès la première, si, comme il est dit dans des observations précédentes, elle commencera de fort bonne heure, mais retarderait-elle, ou serait-elle empêchée par de grands obstacles, on aura raison de la remettre au printemps qui suit, quoique malgrè soi; par ces délais des marches on perdra quelque chose au dessus d'un mois. Après la prise de Varna que Dieu prospère, mettez vous aussitôt en mouvement pour franchir le Balkan.
Seconde campagne.
La maison d'Autriche, si elle reste aussi embarassée avec le nouveau gouvernement français, comme elle l'est actuellement, ne voudra pas ou ne sera pas en état de rompre avec les Turcs, et on ne prévoit aucune éspérance sur les Vénitiens.
Si l'on jugerait bon, ou que les circonstances le permettent, que notre flotte de la Baltique passe à l'Archipel, nonobstant sa prépondérance qu'elle y acquerrait, elle ne pourra que profiter des Grecs insulaires pour le service des corsaires et armateurs, sans faire soulever ceux qui sont sur terre ferme, jusqu'à ce que nos troupes soient au-delà du Balkan. Alors ils seront bons pour les diversions, étant armés à leur manière.
On ne peut pas beaucoup compter sur les braves Montenégrins qui, faibles par leur nombre, défendent leurs foyers et ne feront que de faibles irruptions.
Mahmoud de Scutari, qui jusqu'à présent n'était jaloux que de son indépendance, pourrait être employé, si on le gagne par 1 ambition des conquêtes.
Ali-Pacha de l'Epire qui nourrit un germe de mécontentement contre la Porte, serait le meilleur pour être provoqué à la révolte. Il est réputé dans son pays et il a beaucoup d'adhérents.
Durant la guerre précédente le général Podgoretchani se proposa pour lever les Paulianis dans la Bulgarie au delà du Danube, - une douzaine de régiments de cette nation; il n'en fut rien: on pourrait suivre ce principe en partie, mais il faut les armer, en quoi ils manquent d'eux-mêmes.
Au commencement de la dernière guerre, les Bulgares d'outre le Balkan et de la Roumélie envoyèrent des députés à S-t. Pétersbourg. Cet objet est éclairci par la note ci-jointe, lettre H. Ils sont nombreux. Le défaut est qu'ils ne sont pas comme les Grecs accoutumés à leurs propres armes; ils n'en ont pas. Il faudra donc les armer suivant la meilleure convenance: alors il serait mieux qu'ils agissent d'un autre côté et subsistent d'eux-mêmes pour faire aux Turcs des diversions conséquentes. S'il s’en trouvait un grand nombre dans nos troupes, ils seraient plutôt à charge et les absorberaient.
Tout ce dont on parle, doit être arrangé et prêt pas plutôt qu’aqrès le passage de nos troupes au-delà du Balkan.
De même alors, on prêtera les moyens de soulever autant de Grecs, que l'on pourra dans les différentes parties de leur pays qui ne manque ni d'ambitieux, ni de mécontents; - ils ont leurs propres armes.
Pour passer les monts Balkans il y a 3 routes. La première à la droite, seulement passable à cheval: de Schoumla à Dragoy-kioy 20 verstes, de là à Tchali-kavak 20 verstes, à Dobraly 20 verstes, à Karnabat 20 verstes, à Kalderossan 40 verstes, à Faky 40 verstes, à Kanara 25 verstes; en tout 185 verstes.
La seconde route, celle du milieu, que les courriers passent ordinairement, seulement passable à cheval. De Schoumla sur le chemin de Varna jusqu'à Pravody 60 verstes, à Aydos 30 verstes, à Karabounar 35 verstes, à Faky 25 verstes, en tout 150 verstes.
La troisième route à la gauche, la seule praticable pour les troupes et les embarras. C'est celle de Bazardjik à Varna; elle se partage encore en deux chemins également praticables, savoir: le premier de Kozlitza (60 verstes au-delà de Bazardjik et à 40 verstes, de Pravody) à Koutchouk Balkan 100 verstes, à Tchorban 40 verstes, à Kanara 25 verstes; en tout 165 verstes. Le second se tient vers la gauche sur Varna même: de Kozlitza à Varna 95 verstes, de Varna à Koutchouk Balkan 60 verstes, à Tchorban 40 verstes, à Kanara 25 verstes; en tout 220 verstes et de Varna 125 verstes.
La Bulgarie au-delà du Danube est un pays aboudant en grains et fourrages; lorsqu'on tiendra bonne discipline dans les troupes, ce pajs fertile pourra soulager leur subsistance en tout temps. Mais au-delà du Balkan, on ne trouvera pas du seigle. C'est pourquoi il sera essentiel, que l'on accoutume peu à peu le soldat au froment à plus grande portion.
Etant maître de Varna dans la première campagne, on a l'ouverture de la suivante; les troupes franchiront le Balkan, se mettant au dessus de tous les obstacles et combattant tout ce qui se présentera. Il faut nécessairement que nos flottes aient en mer une prépondérance décidée sur celle de l'ennemi, agissant de concert avec nos troupes de'terre; sous la protection de la flotte à voiles, l'autre aura soin du transport des munitions et des vivres pour obvier aux difficultés des transports par terre.
Il faut un très grand magasin à Varna.
On érigera ensuite de même un magasin à Derkos, ou autre point de 20 à 25 verstes de l'embouchure du canal de Constantinoples. Dans le temps que les troupes s'ébranleront sur cette capitale, on doit se rendre maître de vive force de ce coiut par la flotte à rames.
Au-delà du Balkan, du point de Kanara, il y a deux chemins à Constantinople: à la droite par Adrianople faisant 50 verstes, à Araba-bourgos 50 v., à Karastipak 20 v., à Tchorlou 30 v., à Knikli 25 v., à Silivria 25 v., à Pivatay 15 v., à Boujouk-Tchekmédjé 20 v., à Koutchouk-Tchekmédjé 15 v., à Constantinople 15 v.; donc en tout du point de Kanara à Constantinople par la route d'Adrianople 265 v. Par l'autre chemin de la gauche, du point de Kanara à Kirkilessi 35 v., à Araba-bourgos 40 v., à Karas 20 v., à Tchorlou 30 v., à Knikli 25 v., à Silivria 35 v., à Pivatay 15 v., à Boujouk-Tchekmédjé 20 v., à Koutchouk-Tchekmédjé 15 v., â Constantinople 15 v.: en tout du point de Kanara le chemin à la gauche jusqu'à Constantinople 250 verstes.
Passé les montagnes, il est probable que nous rencontrerons une puissante armée de Turcs, c'est pourquoi toute la marche doit être bien mesurée, et en se hâtant lentement et avec circonspection, - que tout le corps débouche promptement vers le pied occidental du Balkan; aussitôt arrivé, on battra les infidèles au possible.
Si la saison le pourra permettre et que l'on surmonterait tous les obstacles, il faudra finir avec Constantinople même avec cette seconde campagne, en tâchant de ne rien remettre à la troisième. Le délai engendre des difficultés, mais obligés par les circonstances de remettre le grand coup à la troisième campagne, on prendra les quartiers d'hiver le long du pied occidental du Balkan, entre les bords de la Mer Noire et Adrianople, aussi serrés que possible; nos flottes se rendront maîtres de Bourgas et Sizebolis et y hiverneront.
Observez rigoureusement le principe à frapper de grands coups aux armées turques pour les affaiblir au possible, et ne jetez vous point sur la capitale avec le risque de Jules César à Alesia; les différents combats pourraient vous couter plus de temps, mais il ne sera pas perdu.
Expédition sur Constantinople.
Il est dit que nos flottes dès le commencement de la guerre, doivent se procurer la prépondérance sur la Mer Noire, en battant celles des ennemis autant de fois qu'elles se présenteront; à force que les troupes de terre s'avancent vers la capitale, nos flottes éclaireront les côtes en prenant possession des places considérables qui se trouvent encore entre Varna et l'embouchure du canal de Constantinople; telles sont Messembrie, Bourgas, Sizebolis, et s'attacheront à un point convenable le plus près possible de l'embouchure du canal de Constantinople, pour la formation de nouveax magasins, du débarquement de nouvelles munitions de guerre, du supplément de l'artillerie de siège que la longueur et les difficultés des chemins n'auront pas permis de traîner en entier à la guerre, de nos troupes de terre, de même que des affûtages de remonte et des autres machines nécéssaires pour l'entreprise projetée. S'il n'y a pas de point plus proche de l'embouchure du canal, propre au besoin, on se tiendra à Derkos. Les bâtiments de transport suivront de près notre flotte à rames et fourniront ce dernier magasin du nécéssaire par de nouveaux vojages et une communication non interrompue avec les magasins de Varna, qui seront soutenus par nos établissements sur le Dniester et le Dnieper.
Il est en attendant plus que probable que les débris des armées défaites par nos troupes, chemin faissant se soient rassemblée et formés sous les murs de Constantinople, ou autre poste favorable dans ses environs (ceux qui connaissent le local parlent d'une position favorable entre la ville et la pointe de Domus-déré sur la Mer Noire pour soutenir et la capitale et les embouchures du canal sans se partager), et renforcés par de nouvelles troupes de l'Asie, d'où le chemin reste toujours ouvert. La première tâche de nos troupes sera d'exterminer au possible cette nouvelle Hydre. Avant l'entreprise de ce dernier coup, ce sera alors le temps d'attirer à soi les chrétiens soulevés en Grèce, en Bulgarie, en Roumélie et d'en choisir des corps d'élite en état d'agir de concert avec nos troupes de terre. Ce combat décisif déterminé, nos deux flottes approcheront le canal de Constantinople. Il paraît sûr qu'une grande partie de la marine turque se trouve postée dans l'embouchure du canal, entre les Dardanelles de Karaptché et de Porias, ouvrages qui présentent des points d'appui très essentiels à cette position. C'est pourquoi ces points doivent être emportés d'emblée en premier lieu, et surtout le château de Karaptché, comme le plus essentiel et dont la prise doit suivre immédiatement après la bataille ci-dessus mentionnée.